Le "running therapy" nous incite à devenir une meilleure version de nous-même

Le "running therapy" nous incite à devenir une meilleure version de nous-même

La course à pied, le running, c’est une forme de thérapie personnelle. Entre combat d’ego, douleurs physiques et pensées négatives, le runner du 21ème siècle doit faire face à tout un tas de défis, ce qui nous rend plus forts que je ne l’aurais imaginé.

Courir, c’est une lutte contre soi-même. Avant même de sortir de chez soi, on se bat contre cette petite voix qui nous dit de rester assis dans notre canapé, bien au chaud. On mentalise déjà la difficulté de l’effort. Les pensées négatives tournent en rond dans notre tête. 

Je vais pas réussir à faire plus de 3 km
Je vais avoir mal à mon genou droit
Il fait pas beau et en plus, je vais avoir froid”

Tout runner a déjà connu cette sensation désagréable où l’on est tiraillé entre partir courir ou reporter le run à une autre fois.

Aujourd’hui, j’ai dû faire ce choix. 

Cette petite voix qui me disait de rester assis dans ma confortable chaise de bureau, elle est restée là, pendant une vingtaine de minutes, en tâche de fond. Puis, je me suis lancé, j’ai trouvé la force, me disant que ça fait partie du jeu. J’ai enfilé ma tenue, mes écouteurs et je suis sorti affronter le temps capricieux belge.

Les premiers kilomètres sont durs. Interminables même. Pour couronner le tout, mon parcours habituel débute par une montée de 2 kilomètres sur une piste cyclable.

Je scrute ma montre toutes les 30 secondes, à la recherche d’un miracle “(Bip) Vous avez parcouru 5 km !”. La froide réalité, c’est qu’il ne se passe rien. Le temps passe lentement pendant 1 kilomètre, puis 2 kilomètres. 

À partir du 3ᵉ kilomètre, mon corps commence à se débloquer, mes muscles se détendent petit à petit. La douleur au mollet droit disparaît totalement.

Plus rien ne me gêne, j’ai l’impression de voler, d’être enfin vivant. Je regarde ma montre, j’en suis à 4 km environ et j’en suis à mon premier tour du Parc Royale. J’avais prévu de faire 7 kilomètres, ce qui équivaut à un aller au Parc, y parcourir 1 tour, puis retourner à la maison. 

Sauf qu’aujourd’hui, j’ai décidé de pousser à 3 tours. Quand je me lance dans le deuxième tour, je me sens bien. Quelques minutes plus tard, je sens une douleur que j’avais dans les tibias deux semaines auparavant. Ouf, elle disparaît à la sortie du parc.

Courir, c’est un combat contre sa petite voix, mais c’est aussi un combat contre ces douleurs qui viennent et qui s’en vont. En dépit de tout ça, on continue d’avancer sans y prêter vraiment attention, en se répétant “ce n’est qu’un mauvais moment à passer”.

On se forge petit à petit un mental de plus en plus solide, sans forcément sans rendre compte.

Je sors du parc, bien en jambes et déterminé à finir mon run sans grande difficulté. J’entame les derniers hectomètres de faux plat montant. S’ensuit 2 derniers kilomètres plus faciles, en faux plat descendant, où je peux finir plus tranquille, sans tirer sur la machine. 

Je passe devant chez moi avec 9,8 kilomètres au compteur. Je pense immédiatement à Strava, ce foutu réseau social pour runner : “Je ne peux pas poster ça, il faut arrondir à 10 kilomètres. Ça en jette plus !”.  Quelle stupidité, vous me direz. Mais qui ne s’est jamais laissé surpasser par son ego

Après tout, on reste humain. Je fais un tour de quartier pour arrondir la distance à 10 tout rond. Arrivant devant ma porte, je me rends compte que j’ai même dépassé cette barre symbolique — “encore mieux”, me dit ma petite voix égocentrique.

Quoiqu’en disent les plus médisants, on fait tous face à notre ego de runner qui nous dit de courir plus longtemps, de dépasser le coureur devant nous à 20 mètres, d’arrondir la distance d’une sortie. 

En cas de blessure, on ne peut pas retourner à un entraînement rythmé par de la marche-course au risque de piétiner notre fierté. Non, on préfère pousser jusqu’à se blesser et en sortir la tête haute.

On ne peut pas courir “seulement” 5 km. Notre collègue au boulot en a couru 7 hier. “La honte, je vais être la risée de mon bureau si je poste ça sur Strava.” 

Vous avez compris…

Entre réseaux sociaux, compétition avec les autres et contre soi-même, le runner du 21ème siècle se crée beaucoup de problèmes imaginaires.

Je peux vous assurer aussi que l’on en a tout fait partie un jour.
Même les meilleurs compétiteurs qu’on voit affluer en masse sur Instagram — Mathieu Blanchard en parle sur le podcast Génération DIY.

Certes, le running est révélateur de problèmes psychologiques qui nous hantent au jour le jour, mais c’est surtout une excellente thérapie pour devenir une meilleure version de soi-même :

  • Une personne plus tournée vers ses sensations corporelles sans se laisser emporter par la folie de son ego. 
  • Une personne disciplinée même quand notre motivation est au plus bas. 
  • Une personne capable d’affronter la douleur sans vaciller, mais aussi en capacité de savoir dire stop au bon moment pour éviter la blessure.

Je te remercie, cher running pour tout ce que tu nous apportes.