Varier les plaisirs dans tout ce qu’on entreprend, la clé pour vivre l’expérience à fond

Pour perdurer dans une activité, un sport, ou dans la vie quoiqu’on entreprenne, il faut varier les plaisirs. Au sein même de sa pratique, il faut apprendre à s’auto-créer de la nouveauté, pour briser la monotonie de la routine. Faute de quoi, on finit par jongler d’occupation en occupation, sans jamais trouver ce qui nous plaît vraiment. On s’auto-catégorise comme “une personne qui aime tout”. 

Le besoin de renouveau ancré dans notre ADN

L’être humain a toujours eu besoin d’évolution. On connaît tous cette petite voix dans la tête qui nous dit : “Et si on faisait plus ?”. 

En 10 000 ans, on est passé d’australopithèque, pionner de l’agriculture qui fait paitre ses chèvres dans un champ, à en industrialiser la production de leur viande, leur lait et leur fromage (pauvre chèvre). Toujours plus vite, plus efficace, plus goûtu (merci les additifs). Toujours faire mieux que la version précédente. 

Finalement, qu’est-ce que le “mieux” ou le “toujours plus” ? 
À chacun sa vision des choses. 

Prenons un exemple que je connais bien : Le running. 

Je cours les 10 km d’Anderlecht (commune de Bruxelles) pour réaliser un “meilleur” temps que ma dernière course. Ma copine, elle aussi, est présente sur la course, mais pas pour les mêmes raisons. Elle a une vision complètement différente de mon “mieux”. Elle veut trouver un meilleur parcours, moins de montée et plus de plat, mais le temps, elle ne s’y intéresse pas. C’est sa vision du “mieux”.

Ce besoin du “mieux” est universelle quelque soit les personnes. C’est ancré dans notre ADN. Seule la méthode pour y parvenir est différente. 

En réalité, cette volonté de vouloir faire mieux cache un autre besoin plus profond : celui de ne pas se lasser. 

Par exemple, réaliser un plus mauvais temps au marathon n’est pas forcément synonyme d’échec (si c’est voulu consciemment). C’est une autre approche de la course à pied qui nous convient mieux à ce moment précis. On veut probablement changer notre vision de l’entraînement et essayer quelque chose de nouveau : faire attention à notre environnement, parler avec le public, les bénévoles…

Le besoin de renouveau n’échappe pas à nos relations amoureuses. Parfois, on reste avec la même personne pour plusieurs années (et même pour la vie). Pour éviter toute lassitude, il faut apporter du renouveau : une nouvelle coupe de cheveux, un nouveau style vestimentaire, une nouvelle activité en commun, une nouvelle façon de voir le monde, expérimenter de nouvelles choses à deux au niveau du sexe…

Le principe est le même pour une relation amicale, mais le besoin de renouveau se fait moins ressentir. L’échelle de temps rentre en premier en ligne de compte : plus on est exposé à partager du temps avec une personne, plus on va vite sans lasser (et c’est bien normal). Puis, s’ensuit la connexion émotionnelle. Plus on devient proche de notre ami, plus on va devenir exigeant, au même titre qu’une relation amoureuse (parfois). 

Nos attentes grandissent et nos besoins envers une personne évoluent, car nous aussi, nous évoluons. Le secret pour qu’une relation humaine dure, c’est qu’il faut trouver un dosage de renouveau qui convienne aux deux personnes. Si l’un évolue trop vite, l’autre ne va pas forcément comprendre (ou apprécier). C’est toujours une histoire d’équilibre et d’ajustement l’un par rapport à l’autre (un compromis quoi).

Je me souviendrai toujours de cette phrase que m’avait sorti ma psy : 

“Quand on décide de se mettre en couple, on acte la signature d’un compromis, un peu comme pour l’achat d’un bien immobilier”.

Une connexion spirituelle pour trouver l’équilibre de la relation

On a besoin d’entrer en connexion spirituelle (mental) avec l’autre personne. Malgré des différences au niveau des activités et des hobbies, on doit forcément se retrouver sur des terrains communs. 

Bien souvent, ce sont des valeurs profondes communes, comme l’écologie, l’économie circulaire, l’anti-raciste, l’égalité des sexes… Le cas échéant, on n’a probablement rien à se dire et on ne sera raccord sur aucun sujet qui nous tient à cœur. À la longue, ça peut être blessant (et triste).

Les valeurs, ça ne fait pas tout. Il faut avoir, ce que j’appelle “un champ de référence” en commun. C’est grâce à lui qu’on plaisante avec notre partenaire. Imaginez que chaque blague dont vous lui faites part fait un flop : “il/elle n’a pas la référence”. Une fois, deux fois, okay, mais tout le temps ? La relation risque de tourner au vinaigre.

Pour qu’une relation perdure, il faut avoir une combinaison de plusieurs petites choses importantes pour l’un comme pour l’autre, qui, mises bout-à-bout, résolvent l’équation d’une relation.

Si on arrive au point de se lasser constamment d’une personne qui nous était proche, c’est que le problème est bien plus profond : 

  • Notre caractère a évolué
  • Nos goûts à fortiori
  • Les attentes que l’on a d’une relation avec un proche

On ne peut pas changer la personnalité d’une personne, il faut l’accepter telle qu’elle est, avec ses différences et ses défauts. Sinon, il vaut mieux briser la relation, au risque de se comporter en tyran sans pitié au moindre faux pas.

Le bon dosage récompense-plaisir lors de la pratique d’une activité

J’ai pratiqué pas mal de sports depuis tout petit : natation, basket, tennis, vélo, course à pied et escalade. 

Le vélo, c’est vraiment celui qui m’a le plus marqué. Je l’ai pratiqué sous 4 formes différentes.
J’ai débuté avec le vélo trial, car j’aimais bien faire des figures dans le lotissement avec mon VTT. Puis, je me suis ré-orienté vers de nouveau vers le VTT. L’esprit d’aventure me manquait, j’aimais ces rides à partir en randonnée pour la journée. On mange les sandwichs dans la nature avec une belle vue, comme une récompense après l’effort. On prend notre dose d’adrénaline dans les descentes. Bref, c’est une superbe communion avec la nature.
Puis, dans un registre plus “militaire”, j’ai fait du vélo de route. Les entraînements sont plus cadrés, on ne sort pas dans les sentiers battus, on reste sur du bitume. Rouler en peloton m’excitait, avec les attaques qui partaient à gauche… Puis à droite… De derrière.
Plus la fin de course approchait, plus la sensation de se sentir puissant s’agrandissait, voyant les autres lâcher tour après tour. J’étais fier d’être dans le top de cette sélection naturelle (à la pédale, dit-on dans la jargon cycliste). 

Je pense que tout compétiteur ressent ce besoin de se comparer aux autres, puis de se sentir meilleur. Je suis compétiteur, mais j’essaie de plus en plus de m’en détacher. C’est une relation dangereuse avec un sport :

“Pourquoi pratique-t-on un sport ?”
“Est-ce toujours pour le plaisir de le pratiquer ?”
“Est-ce seulement pour se sentir supérieur aux autres ?”

Construire son plaisir de pratiquer un sport sur le besoin de “faire mieux que les autres” conduit forcément à l’abandon. À un moment donné, on finira par arrêter, se sentant minable par rapport aux autres.

Aujourd’hui, je ne fais plus de compétition, mais j’ai réussi à retranscrire ce besoin de se sentir supérieur dans mes trajets en vélo. Je ressens un sentiment de puissance en slalomant les voitures :

Pfff, quelle perte de temps à être dans les bouchons. Je suis plus rapide qu’une voiture qui a un moteur”.

oir la tête des personnes de mon entourage impressionnées par ma vitesse et mon abnégation à rouler, peu importe le temps, forcément, ça booste mon ego. Ils se font l’image d’un Jérémy courageux.

C’est un mélange de récompense qui se bouscule dans ma tête, et la principale reste la fierté d’avoir réussi quelque chose pour moi. 

“Quand je boucle mes trajets de vélotaf, j’ai le sentiment du devoir accompli, que j’ai rempli ma mission sportive du jour.”

Bien sûr, dans le vélotaf, je retrouve un peu de toutes les disciplines du vélo que j’ai pratiqué : 

  • La sensation de partir à l’aventure du VTT 
  • L’adresse que demande le vélo trial
  • L’impression de compétition du vélo de route 

Mes besoins évoluent sans cesse, donc si ça trouve, dans 2 ans, je n’aimerais plus rouler à vélo en ville ? Qui sait. 

J’ai remarqué, qu’en cas de difficulté, l’ego en prend un coup. Cette recherche de variation de plaisir est terni par la difficulté. 

La guitare est bon exemple : j’ai essayé, mais rien n’y fait, je n’ai pas persisté, car c’était trop dur. Pour atteindre un niveau où on sait jouer une musique, il faut passer un temps avec une progression “invisible”. Pendant des mois, on va galérer à faire des accords qui sonnent bien. On va les enchaîner machinalement les uns à la suite des autres, ce qui ne donne clairement pas une mélodie stylée. Le système de récompense ne s’active pas dès le début de la pratique. Du coup, après quelques jours ou semaines, on finit par abandonner. 

Un bon contre-exemple, l’escalade de bloc en salle que j’ai pratiqué pendant 4 ans. J’ai vu beaucoup de personnes, peu sportives à la base, qui accrochaient directement. C’est ludique, on est avec ses potes, on force pas trop (en tout cas, au début sur les petits niveaux), on réussit beaucoup de voies et notre progression est folle. Notre confiance (et notre ego) est boosté de manière exponentielle.

Ce qui est dingue avec le bloc, c’est que je vois des personnes stagnées au même niveau pendant des années, mais qui continue, tant bien que mal, juste pour le kiffe de réussir de nouvelles voies, toujours plus loufoques.

Ce système de récompense est clairement adapté au cerveau humain. On a l’impression de réussir tout le temps quelque chose de nouveau (une nouvelle voie), d’inconnu, de différent de ce qu’on a fait par le passé.
Forcément, on a le sentiment d’avoir progressé en quelque sorte, d’avoir évolué. Du coup, la frustration n’a pas sa place dans notre esprit et la confiance règne en maître.

Pour perdurer dans une activité, il faut trouver un bon compromis entre le plaisir de la réaliser (le process), le système de récompense qui s’active (le résultat) et un sentiment que l’on progresse toujours, peu importe les difficultés rencontrées.